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Si les principaux secteurs économiques en France ont repris lentement leur activité en 2021, ce n’est pas le cas de l’horlogerie-bijouterie-joaillerie. En effet, ce dernier a enregistré un chiffre d’affaires de 3,9 milliards d’euros en 2021. La filière a rencontré une hausse de 32 % par rapport à l’année 2019. Comment expliquer ce phénomène alors que l’industrie du luxe est en recul dans le monde ? La France est-elle une exception ?
Le secteur de l’horlogerie-joaillerie renoue avec ses performances d’avant la crise
Le marché français se porte bien et pour cause, les ventes ont grimpé de 2 % par rapport à l’année 2019. Cependant, les tendances ont changé. En effet, les touristes étaient considérés comme les principaux consommateurs avant la pandémie. À cause des restrictions, les acheteurs étaient toutefois majoritairement français en 2021. Cette hausse de la consommation chez les ménages s’explique par une reconversion des dépenses. Puisqu’ils étaient dans l’incapacité de voyager ou de se rendre au restaurant, ils ont préféré acheter des montres ou des bijoux. Cette hausse des ventes est marquée par une croissance de 23 % de l’achat à distance, comme sur ce site, en comparaison à 2019. Cependant, les grands magasins dans les rues parisiennes ont été fortement impactés par l’absence des touristes. Ils ont vu leur vente diminuer de 40 % par rapport à la période pré-pandémie. Par ailleurs, les chiffres démontrent que la création française rayonne à l’international. Les exportations ont connu une croissance à deux chiffres en 2021 par rapport à 2020. Ce marché est toutefois dominé par la Chine. En effet, la France est le premier fournisseur en bijoux précieux et en horlogerie de luxe en Chine avec 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Un secteur porté par la bijouterie
C’est le domaine de la bijouterie-joaillerie qui enregistre la meilleure performance avec une hausse de 36 % par rapport à 2019. La production est dominée par les créations qui utilisent des métaux précieux. Cependant, les bijoux fantaisie ont quand même réalisé une modeste performance avec un chiffre d’affaires de 34 millions d’euros. Selon les statistiques, 56 % de la production française est destinée à l’exportation. De son côté, le marché de l’horlogerie a stagné en 2021. Malgré un taux d’exportation toujours élevé, soit 80 %, la catégorie a enregistré un recul de 2 % par rapport à l’année 2019. Le secteur de l’horlogerie-bijouterie-joaillerie a réalisé un retour en force après la crise sanitaire. Cette filière française emploie aujourd’hui plus de 12 700 personnes. Cela signifie que l’effectif a augmenté de 10 % par rapport à 2020.
Une autre réalité au niveau mondial
En juin 2021, le cabinet McKinsey a publié un rapport détaillant le marché mondial de la joaillerie et de l’horlogerie. Le document a mis en avant deux problématiques :
- la faible présence de la filière sur Internet ;
- la dépendance au tourisme.
Les deux secteurs ont été fortement touchés par la crise sanitaire. En 2020, l’horlogerie a rencontré un recul de 30 % contre 15 % pour la joaillerie. Cependant, de nombreuses branches dans l’industrie du luxe ont connu cette baisse des ventes. C’est le cas par exemple de la cosmétique, de la maroquinerie ou encore de la mode.
Un retard dans la digitalisation
Cette baisse s’explique par la fermeture des boutiques physiques durant cette période. Pourtant, les achats en ligne ne constituent qu’une faible part du chiffre d’affaires dans le luxe. Pour cause, l’univers de l’horlogerie et de la joaillerie accuse des retards dans leur transition numérique. Dans l’horlogerie, les ventes en ligne ne représentent que 5 % du chiffre d’affaires contre 13 % pour la joaillerie.
Une dépendance au tourisme
Par ailleurs, ces deux secteurs sont fortement dépendants du tourisme de luxe. 30 % des acheteurs de bijoux et de montres sont des touristes. Pourtant, le cabinet prévoit un retour à la normale de cette filière en 2024. Face à cette dépendance à la clientèle touristique, les secteurs doivent se tourner vers le marché asiatique selon le rapport McKinsey. Le document rappelle que l’Asie pèse 45 % du chiffre d’affaires du marché du luxe. Il atteint même 50 % dans l’horlogerie. Ainsi, la croissance sera portée essentiellement par les consommateurs chinois.